Long COVID – conseils aux employeurs et aux employés (suite)

Si le long COVID est traité comme un handicap

Selon la loi, un handicap est une déficience physique ou mentale qui a un « effet négatif important et à long terme » sur la capacité d’une personne à effectuer des activités quotidiennes normales.

« Long terme » signifie soit :

  • cela les affectera ou est susceptible de les affecter pendant au moins un an
  • il est susceptible de durer pour le reste de leur vie

«Effet négatif substantiel» signifie plus qu’un simple impact mineur sur la vie d’une personne ou sur la façon dont elle peut faire certaines choses. Cela peut fluctuer ou changer et peut ne pas se produire tout le temps.

Long COVID est encore une nouvelle maladie et il faudra peut-être du temps pour bien la comprendre. Il peut affecter les activités quotidiennes d’une personne et il est actuellement entendu qu’il peut durer ou aller et venir pendant plusieurs mois, voire des années. Les effets d’un long COVID pourraient également entraîner d’autres déficiences.

Les employeurs devraient se concentrer sur les ajustements raisonnables qu’ils peuvent faire plutôt que d’essayer de déterminer si l’état d’un employé est un handicap.

Éviter la discrimination

En plus du handicap, les employeurs doivent veiller à éviter d’autres types de discrimination lorsqu’ils envisagent un long COVID.

Long COVID s’est avéré affecter plus gravement:

  • les personnes plus âgées
  • minorités ethniques
  • femmes

Les employeurs doivent éviter toute discrimination fondée sur l’âge, le handicap, la race ou le sexe.

Long COVID – conseils aux employeurs et aux employés

Maladie et absence à cause du long COVID

Pour certaines personnes, le coronavirus (COVID-19) peut provoquer des symptômes qui durent longtemps après l’infection. C’est ce qu’on appelle le «syndrome post-COVID-19» ou «long COVID».

Les gens peuvent ressentir les effets d’un long COVID pendant des semaines, des mois et même des années.

Les symptômes peuvent :

  • aller et venir au fil du temps
  • s’améliorent parfois et s’aggravent parfois

Cela signifie que cela peut affecter la capacité de quelqu’un à travailler ou l’amener à prendre des congés de maladie.

Les règles habituelles d’ absence pour maladie et d’ indemnité de maladie s’appliquent lorsqu’une personne est en arrêt de travail en raison d’un long COVID.

Ce que l’employeur doit faire

Les employeurs doivent être conscients que les effets d’un long COVID peuvent aller et venir. Certains jours, la personne peut sembler aller bien, mais d’autres jours, ses symptômes peuvent s’aggraver et elle peut avoir besoin de s’absenter du travail à nouveau.

Si une personne est en congé de maladie, elle peut se sentir isolée ou avoir besoin d’aide pour retourner au travail. Les employeurs devraient :

  • convenir comment et quand prendre contact en cas d’absence
  • assurez-vous que leur travail est couvert et partagé de manière appropriée pendant leur absence
  • discuter des moyens de les soutenir lorsqu’ils retournent au travail où et quand cela est possible

Lorsque l’employé se sent capable de retourner au travail

L’employeur doit discuter avec l’employé de tout soutien dont il pourrait avoir besoin. Ils pourraient discuter :

  • obtenir une évaluation de la santé au travail
  • apporter des modifications au lieu de travail ou à la façon dont l’employé travaille, comme des horaires de travail différents
  • un retour progressif au travail
  • ce qu’ils veulent dire aux autres au travail au sujet de leur maladie

En savoir plus sur le retour au travail après une absence

Exemple de changement pour soutenir un employé

Certains jours, Bo souffre de fatigue intense et de courbatures depuis qu’il a le COVID-19. Leur médecin a diagnostiqué un long COVID. Bo est prêt à reprendre le travail mais craint que travailler à temps plein ne soit difficile.

L’employeur de Bo examine la charge de travail et est en mesure d’attribuer une partie du travail à d’autres membres de l’équipe. Cela signifie qu’ils peuvent offrir à Bo des heures à temps partiel pour commencer leur retour au travail. Ils ont fixé une date pour revoir l’arrangement.

Si un employé a du mal à faire son travail

Si un employeur estime que l’employé n’est pas en mesure de faire son travail ou prend beaucoup de temps libre, il devrait voir s’il peut faire quelque chose pour l’aider. Par exemple, une autre évaluation de la santé au travail pour savoir si un soutien supplémentaire est nécessaire.

Ils doivent s’assurer qu’ils ont fait tout leur possible avant d’envisager une procédure de capacité . Si un employeur licencie un employé sans avoir d’abord mené une procédure disciplinaire ou de capacité complète et équitable, l’employé pourrait porter plainte pour licenciement abusif auprès d’un tribunal du travail.

Apprendre à travailler avec le Covid long

Mercredi 24 novembre 2021

par Claire Chaudière

4 minutes

Rahel Mylène Damamme se bat pour plus de sensibilisation auprès des entreprises sur les difficultés rencontrées par les malades atteints de Covid long.
Rahel Mylène Damamme se bat pour plus de sensibilisation auprès des entreprises sur les difficultés rencontrées par les malades atteints de Covid long. © Radio France / Claire Chaudière

Alors que les députés s’apprêtent à s’emparer du sujet du Covid long vendredi, à l’occasion de l’examen d’une proposition de loi, France Inter se penche sur le retour au travail des malades souffrant de symptômes persistants du Covid. Un sujet encore sous les radars de nombreux employeurs et DRH. Et pour cause :  beaucoup de salariés touchés par ces formes longues du Covid sont encore en arrêt. Mais ils sont malgré tout de plus en plus à reprendre le chemin du boulot.

Symptômes fluctuants, différents d’une semaine à l’autre

Les yeux rivés sur son ordinateur, devant un tableau Excel… C’est sur son lieu de travail, à Lille, que Rahel Damamme, la quarantaine, diagnostiquée Covid long par les médecins, après un long parcours de soin, nous accueille. Sa tâche du moment : compiler des lignes et des lignes de chiffres, pour élaborer son rapport annuel. « C’est faisable, même avec un Covid long, à condition d’être extrêmement organisée et de ne rien laisser au hasard. Car vous ne savez jamais à quoi va ressembler votre journée ! » Il y a effectivement les hauts et les bas, avec des symptômes différents et fluctuants, raconte cette cadre chez Décathlon. « J’ai une équipe, décrit-elle, qui m’a vu arriver avec une péricardite, puis la semaine suivante des problèmes aux yeux, des douleurs à la cage thoracique, des problèmes cognitifs… Mais j’ai eu autour de moi beaucoup de bienveillance. »

Il y a deux semaines, je n’aurais pas pu vous parler. J’ai fait une énorme rechute. Je suis venue pour une réunion et mes larmes coulaient. C’est une forme de maladie invisible, mais là mes collègues ont vu à quel point je pouvais souffrir.

Dans le cadre de son plan pour l'inclusion des personnes atteintes de maladies chroniques, Décathlon a décidé d'intégrer le cas des Covids longs.
Dans le cadre de son plan pour l’inclusion des personnes atteintes de maladies chroniques, Décathlon a décidé d’intégrer le cas des Covids longs. © Radio France / Claire Chaudière

Pauses et plannings adaptés

Un arrêt, suivi de beaucoup de télétravail, une organisation sur mesure… Le tout sous le regard d’une hierarchie très compréhensive… « Voilà comment j’ai passé ces 20 derniers mois« , sourit Rahel. « Mais c’est loin d’être le cas pour tout le monde« , s’inquiète celle qui a parallèlement co-fondé l’association Après J20 de malades atteints de symptômes persistants du Covid : « Il y a un décrochage pour beaucoup. On reçoit des appels à l’aide, des messages de détresse. Certaines personnes enchaînent les arrêts maladie, ne voient pas leur CDD renouvelé, ont de gros problèmes financiers. Je mesure à quel point j’ai de la chance. Mon travail m’aide aussi d’une certaine manière à guérir et à trouver des solutions. »

Un accompagnement que Décathlon dit vouloir généraliser : traiter les Covids longs comme les autres maladies chroniques en entreprise. Une charte a été signée il y a un mois, des formations lancée et consignes données pour permettre des pauses et des horaires aménagés. Franck Martinez est en charge de la qualité de vie au travail chez Décathlon : « Rien que sur le magasin de Bayonne, auquel je suis rattaché, trois personnes se sont signalées, parce qu’on a commencé à libérer la parole. Ce sont souvent des personnes en bonne santé, sportives, et qui ne comprennent pas ce qui leur arrive, qui ont dû mal à exprimer leur difficultés. Les entreprises doivent se saisir de ce sujet. » Un sujet auquel il a été sensibilisé par son fils, lui même atteint de Covid long.

Une démarche d’entreprise encore rare

A quelques centaines de kilomètres, Emmanuel Cadic Gauthier médecin du travail en Bretagne suit de son côté une quinzaine de salariés atteints de Covid longs. Elle se mobilise aujoud’hui, inquiète. Selon elle, certaines entreprises réagissent très positivement, notamment dans le secteur de la santé, où de nombreux salariés ont été malades, mais d’autres sont au contraire dans la méfiance.

Il faut alerter, sensibiliser… Les employeurs manquent d’information. Les formes de la maladie, avec beaucoup de variations, peuvent semer le troubler, générer des doutes, de la suspiscion. Mais il faut laisser le temps aux personnes de se remettre ! C’est un long chemin…

Emmanuelle Cadic Gautier, médecin du travail à Rennes, alerte sur la nécessité d'accompagner les salariés atteints de Covid long dans leur reprise du travail.
Emmanuelle Cadic Gautier, médecin du travail à Rennes, alerte sur la nécessité d’accompagner les salariés atteints de Covid long dans leur reprise du travail. © Radio France / Claire Chaudière

Risque émergent pour le monde économique ?

Et si certains abus existent, les médecins savent maintenant poser un diagnostic de Covid long. « Il existe des unités spécialisées. Il faut faire confiance aux médecins et aux médecins du travail, qui vont accompagner ces salariés. Une étape cruciale », dit-elle.

Car, avec entre entre 500 000 et plus 1 million de salariés potentiellement touchés par différentes formes de Covid longs, il y a bien ce qu’on appelle un « risque émergent », nous explique Cécile Oger du réseau d’étude et de prospective BSR, Business For Social Responsabilities. Elle a publié une note sur le sujet. Sujet humain mais aussi de productivité : « Cela touche toutes les strates de l’entreprises. Si une partie de votre masse salariale, si votre directrice innovation, si un PDG souffre de Covid long, cela peut être très impactant. C’est un risque, qui va monter… Mais aussi une opportunité pour les entreprises de se questionner et d’avancer dans le domaine de l’inclusion. »

Au sein de BSR, Cécile Oger a participé à la rédaction d'une note de prospective sur le "risque émergent" du Covid long pour les multinationales.
Au sein de BSR, Cécile Oger a participé à la rédaction d’une note de prospective sur le « risque émergent » du Covid long pour les multinationales. © Radio France / Claire Chaudière

Pour sensibiliser le monde du travail, les associations de malades du Covid long appellent à un grand plan d’action. Essentiel préviennent-elles, pour éviter une véritable vague de désinsertion professionnelle.