Les mesures ont été effectuées dans différents services du centre hospitalier d’Antibes dans les Alpes-Maritimes grâce à un procédé simple. Les résultats de l’étude permettent d’optimiser les comportements dans un espace clos.
Le coronavirus se transmet essentiellement par voie aérienne. Quand un malade tousse, éternue ou parle, il émet des gouttelettes de moins de 10 micromètres qui se mélangent à l’air ambiant pendant de nombreuses minutes voire des heures.
Le centre hospitalier d’Antibes décidé de mesurer la présence de ce coronavirus avec un appareil déjà sur site pour mesurer la contamination de l’air par bactéries ou par champignons.
Et cela a bien marché !
Une campagne de mesures a été menée, selon un procédé très simple, les résultats ont été publiés dans la revue spécialisée journalofhospital le 18 septembre 2021.Cet appareil permet d’aspirer 500 litres d’air pendant une durée de 5 minutes. • © ERIC JACQUET / FTV
500 litres d’air aspirés en 5 minutes
Un malade est diagnostiqué dans un service de l’hôpital ? Une réunion avec plus de 10 personnes ? Le couloir des urgences ? L’appareil, un biocollecteur peut être installé instantanément. En l’espace de 5 minutes, il filtre 500 litres d’air.
Des microparticules sont alors récupérées sur une boîte de Pétri, ces coupelles de laboratoire, contenant un support collant, une gélose.Cette gélose permet d’établir la présence de l’ARN du virus SARS-CoV-2 dans l’air après un test PCR. • © ERIC JACQUET / FTV
Ne reste plus qu’à pratiquer un écouvillonnage de la gélose, qui sera analysé comme un test PCR. On sait alors s’il y a dans l’air le coronavirus ou pas.
Les cibles
Selon la publication, l’appareil a été testé dans les chambres de tous les nouveaux patients atteints de Covid-19 et hospitalisés entre le 10 avril et le 6 mai 2021 au Centre Hospitalier d’Antibes dans les services de médecine.
Les prélèvements d’air ont été réalisés si possible dans les 48 heures après le premier test RT-PCR positif chez les patients. Dans chaque cas, l’appareil a été disposé à une distance de plus de 2 mètres du malade.
Les patients n’ont pas toussé et toutes les chambres disposaient d’une extraction d’air dans le bloc sanitaire.
Les enjeux
Le centre hospitalier d’Antibes est le premier à s’être lancé dans cette démarche et il espère faire école. L’enjeu est important. Car l’étude est riche d’enseignements. Le docteur Olivier Capeyron est pharmacien, et il est responsable du service hygiène au centre hospitalier. Voici ses conclusions :
- Tous les patients n’émettent pas de la même façon du coronavirus SARS-CoV-2 de la même façon.
- En fonction des locaux, on va se retrouver avec des résultats positifs et des résultats négatifs. Quand il y a des résultats positifs, on regarde si les locaux sont suffisamment aérés.
L’analyse de l’air permet par ailleurs une maîtrise du risque en période de relâchement.
En particulier entre les vagues 4 et 5, cela a été très utile pour nous de faire ce pilotage pour détecter les frémissements de la vague d’après et de dire attention ! On y est, il faut grader nos mesures.Dr Véronique Blanc, Responsable du service laboratoire et du diagnostic Covid
Les conclusions de l’étude du centre hospitalier d’Antibes sont donc incitatives :
« Notre méthode peut être facilement utilisée par les équipes d’hygiène des établissements de santé, qui disposent souvent de biocollecteurs d’air en milieu gélosé. Elle pourrait permettre un pilotage du risque environnemental aérien lié au virus SARS-CoV-2. Une extension à d’autres structures d’hébergement collectif, collectivités, entreprises, écoles pourrait être envisagée, à titre pédagogique comme opérationnel ».
Dans tous les cas, le docteur Olivier Capeyron rappelle l’enjeu de l’aération.
Conclusion de l’hôpital :
La méthode devrait être utilisée par les équipes d’hygiène des établissements de santé, des collectivités, des structures d’hébergement collectifs qui disposent souvent de l’équipement nécessaire.
Voilà qui permettrait de récolter d’autres données.