Évolution des symptômes post-COVID-19 au fil du temps dans la cohorte électronique prospective COVID longue de ComPaRe
Nature Communications volume 13, Numéro d’article: 1812 (2022)
Abstrait
Environ 10 % des personnes infectées par le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère ont été atteintes de la maladie post-COVID-19. Nous avons analysé les données de 968 patients adultes (5350 mois-personnes) présentant une infection confirmée inscrite dans la cohorte Long COVID de ComPaRe, une e-cohorte prospective de ces patients répandue en France. La prévalence quotidienne des symptômes post-COVID-19 a été déterminée à partir des réponses des patients à l’outil long COVID Symptom Tool, un questionnaire autodéclaré validé évaluant 53 symptômes. Parmi les patients symptomatiques après 2 mois, 85% ont encore signalé des symptômes un an après l’apparition de leurs symptômes. L’évolution des symptômes a montré une prévalence décroissante au fil du temps pour 27/53 symptômes (p. ex., perte de goût ou d’odorat); une prévalence stable au fil du temps pour les symptômes 18/53 (p. ex. dyspnée) et une prévalence croissante au fil du temps pour les symptômes 8/53 (p. ex. paresthésie). L’impact de la maladie sur la vie des patients a commencé à augmenter 6 mois après son apparition. Nos résultats sont importants pour comprendre l’histoire naturelle de la maladie post-COVID-19.
Introduction
En mars 2022, environ 437 millions de personnes dans le monde avaient été infectées par le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SARS-CoV-2), l’agent pathogène responsable de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19)1,2. Selon l’Office for National Statistics du Royaume-Uni, environ 10% d’entre eux connaîtront une maladie post-COVID-19 ou « longue COVID », c’est-à-dire la persistance de symptômes tels que fatigue, dyspnée, douleur thoracique, troubles cognitifs ou arthralgie, pendant plusieurs semaines à plusieurs mois après leur infection initiale par le SRAS-CoV-22,3. La recherche s’est principalement concentrée sur l’apparition de complications spécifiques à long terme chez les patients hospitalisés et non hospitalisés recrutés au cours de leur infection aiguë à COVID-194,5,6,7,8,9,10,11. À notre connaissance, seule une poignée d’études ont étudié l’évolution longitudinale des symptômes chez les patients présentant des symptômes persistants (c.-à-d. après la COVID-19), mais elles ont généralement été petites, rétrospectives ou limitées à des centres uniques.12,13,14. Dans cette étude, nous avons utilisé les données d’une grande cohorte nationale de patients pour reconstruire l’évolution quotidienne de leurs symptômes depuis l’apparition jusqu’à 1 an après la phase aiguë de l’infection.
Résultats
Participants
La cohorte Longue COVID ComPaRe est une e-cohorte nationale en cours de patients atteints de maladie post-COVID-19 en France, imbriquée dans le programme de recherche ComPaRe (www.compare.aphp.fr), une e-cohorte parapluie de patients atteints de maladies chroniques15. La cohorte a débuté en décembre 2020 et le recrutement se poursuit. Parmi les 1859 patients inclus dans la cohorte Covid longue comPaRe le 15 octobre 2021, nous avons analysé les données des 968 patients ayant déclaré : (1) une infection COVID-19 confirmée en laboratoire avec un test positif pour le SRAS-CoV2 par écouvillonnage PCR et/ou test sérologique ; 2° les symptômes persistent pendant au moins 2 mois après leur apparition; et (3) l’inscription dans la cohorte d’ici le 1er août 2021, et donc au moins 2 mois de suivi dans cette analyse (Fig. 1). Pour améliorer la représentativité des résultats, nous avons pondéré les observations par étalonnage sur les marges, de sorte que la distribution pondérée de l’âge (<24, 25-34, 35-49, 50-69 et ≥70 ans), du sexe et de l’hospitalisation pendant la phase aiguë de la maladie (Oui / Non) corresponde aux données de l’Office of National Statistics Covid Infection Survey du Royaume-Uni (données du 2 septembre 2021)16,17. Les caractéristiques brutes et pondérées des patients sont présentées dans le tableau 1. Par la suite, les résultats présentés proviennent toujours de l’ensemble de données pondéré. Les résultats bruts sont disponibles dans les documents supplémentaires.
Dans les données pondérées, l’âge médian des patients était de 48 ans (intervalle interquartile 32-56) avec 57,7% (559/968) hommes. Au total, 35,1 % (340/968) ont signalé des comorbidités, 6,3 % (61/968) avaient des maladies pulmonaires chroniques et 4,2 % (41/968) une hypertension artérielle. Le temps médian entre l’apparition des symptômes et le dernier suivi était de 174 jours (IQR 97 à 284 jours). Parmi les participants, 75 (7,7 %) avaient été hospitalisés pendant leur maladie aiguë et 34 (3,5 %) avaient été admis dans une unité de soins intensifs (USI).
Probabilité de persistance des symptômes à 12 mois
Les participants ont été suivis tous les 60 jours avec des questionnaires en ligne disponibles sur ordinateur ou smartphone. À chaque point d’observation, on a d’abord demandé aux patients s’ils présentaient encore des symptômes liés à la COVID-19. Ceux qui signalent la persistance des symptômes ont complété l’outil de symptômes COVID (ST) et l’outil d’impact (IT), une paire d’instruments validés rapportés par les patients évaluant respectivement 53 symptômes et 6 dimensions de la vie des patients qui peuvent être affectés par la maladie18. Ceux qui ont déclaré qu’ils n’avaient plus de symptômes ont été invités à indiquer la date à laquelle ils ont remarqué pour la première fois l’absence de symptômes. Dans l’ensemble, nos données couvraient 5350 mois-personnes, avec un suivi médian depuis l’inscription de la cohorte de 181 jours (intervalle interquartile de 118 à 240 jours). La proportion de patients perdus à cause du suivi était de <20 % à chaque suivi (matériel supplémentaire 1).
Une rémission des symptômes (c.-à-d. disparition de tous les symptômes) a été observée au cours du suivi chez 150 patients. Parmi ceux qui ont signalé une rémission complète des symptômes, 50/150 (33,3 %) ont par la suite décrit une rechute pour au moins un symptôme. À 12 mois, la probabilité de persistance des symptômes (y compris les patients en rémission qui ont rechuté) était de 84,9 % (IC à 95 % 79,8-90,4 %) (Fig. 2).
Prévalence quotidienne des symptômes post-COVID-19
Nous avons utilisé des modèles multi-états prenant en compte la censure gauche et droite pour estimer l’évolution longitudinale des symptômes. Dans les modèles, chaque patient a contribué aux données pendant sa période de suivi. Étant donné que notre cohorte comprenait des patients inscrits à différents moments après leur infection initiale, nous avons pu reconstituer la prévalence de chaque symptôme, jour après jour, dans la population de l’étude (Fig. 3A et Matériel supplémentaire 2). Tout d’abord, 27 (51 %) symptômes ont montré une diminution progressive de la prévalence au fil du temps. Parmi eux, la perte d’appétit, le changement / perte de goût et la toux ont le plus changé (diminution de >20%). Deuxièmement, 18 (34 %) symptômes n’ont montré aucun changement spécifique dans la prévalence au fil du temps. Parmi eux, les problèmes de recherche de mots et la dyspnée étaient les plus répandus. À 360 jours, ils touchaient respectivement 48 % et 44,5 % de la population. Enfin, huit symptômes ont montré une augmentation de la prévalence au fil du temps. Parmi eux, les douleurs au cou, au dos et au bas du dos et la paresthésie ont changé le plus nettement (augmentation de >10%) (matériel supplémentaire 3). L’évolution des symptômes au fil du temps dans les sous-groupes selon l’âge, le sexe et la présence de comorbidités est présentée dans les documents supplémentaires 4 à 6.
Post COVID-19 disease is a relapsing-remitting disease. Sixty days after symptom onset, most of patients reported permanent, daily or weekly symptoms. Over time, relapses became less frequent, with a decrease in the proportion of patients reporting weekly or more frequent symptoms (including those reporting permanent symptoms) and a parallel increase in the proportion reporting relapses less than weekly (Supplementary Material 7).