Un tableau jour par jour de la dynamique du Covid long. Le travail mené à l’AP-HP auprès d’un millier de patients atteste d’une diminution progressive au bout d’un an pour 51% des symptômes mais une augmentation pour 15%, dont la perte de cheveux.

 

Douze mois après le début de leurs symptômes du Covid-19, 85% des patients rapportent encore des symptômes de Covid long. Ce constat, ce sont des chercheurs de l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et de l’université Paris-Cité qui le dressent en s’appuyant sur la communauté de patients pour la recherche « Compare » créée en 2017 par le CHU francilien. Dans un article paru le 5 avril dans la revue « Nature Communication »,  ils décrivent l’évolution de 53 symptômes du Covid long, au cours de sa première année, chez 968 patients avec une infection confirmée biologiquement.

53 symptômes passés au crible

« Cette étude est la première au monde à reconstruire l’histoire précise de chaque symptôme au cours du temps« , souligne l’AP-HP. Jusqu’à ce jour en effet, les travaux scientifiques s’intéressant au Covid long portaient principalement sur le suivi de patients après une infection aiguë par le Sars-Cov-2 : « elles informaient donc surtout sur le risque de développer un Covid long et d’avoir des symptômes persistants » plutôt que sur leur évolution et leur durée.

Les patients retenus par l’équipe du Dr Viet-Thi Tran, qui opère au sein du centre d’épidémiologie clinique de l’Hôtel-Dieu à Paris, ont tous au moins un symptôme ayant persisté deux mois. Ils pouvaient avoir rejoint la cohorte à n’importe quel moment de leur maladie (au moment de la phase aiguë, six mois après…). Tous les 60 jours, ils étaient invités à renseigner sur la plateforme Compare la présence de 53 symptômes du Covid-19 précédemment identifiés, de quoi reconstruire leur « dynamique jour par jour« .

Outre la persistance des symptômes douze mois après leurs débuts, l’étude évoque également un changement « au cours du temps » de la maladie, en sachant qu’un an après, 60% des patients rapportent encore « un impact très important de la maladie sur leur vie personnelle, professionnelle et sociale » :

  • Pour 27 des 53 des symptômes examinés (51%), la prévalence tend à diminuer progressivement au cours du temps, c’est par exemple le cas de la toux, des troubles de l’odorat et du goût (ce dernier touche ainsi 40% des patients à deux mois mais plus que 20% à 12 mois) ;
  • Pour 18 symptômes (34%), la prévalence ne varie pas, comme pour la fatigue ;
  • Enfin 8 symptômes (15%) voient leur prévalence augmenter, ce qui illustre l’apparition de nouvelles manifestations du Covid-19 à l’instar de la perte de cheveux.

Identifier des marqueurs biologiques et cliniques

Pour l’équipe de l’AP-HP et de l’université Paris-Cité, leur étude éclaire la physiopathologie du Covid-19. Les constats « permettent d’identifier, parmi l’ensemble des manifestations complexes et hétérogènes du Covid long, celles qui sont davantage liées aux séquelles de la maladie aiguë (dont les symptômes diminuent au cours du temps) et celles liées à d’autres mécanismes, que ceux-ci soient immunologiques, psychosomatiques ou encore inexpliqués« , écrit l’AP-HP. De nouveaux travaux sont en cours au sein de la cohorte Compare pour parvenir cette fois à identifier des marqueurs (biologiques et cliniques) de l’évolution des patients vers une trajectoire de symptômes donnés.

« compare » -Un tableau jour par jour de la dynamique du Covid long

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