Une fatigue persistante physique et intellectuelle. Très répandu, le syndrome
post-Covid reste insuffisamment diagnostiqué et mal pris en charge.
Ils seraient deux millions en France. Deux millions qui n’ont jamais vu la parenthèse Covid se refermer. Comme l’immense majorité de la population mondiale, ils ont croisé un jour la route de ce virus, ont développé des symptômes, plus ou moins importants, mais au contraire de cette majorité, ont vu ces symptômes persister avec le temps, et même de nouveaux apparaître (¹),
Ils sont affectés par le syndrome post-Covid ou Covid long.
Responsable du secteur Covid et SOS-covid long à l’hôpital privé Arnault Tzanck Mougins, le Dr Alain Refrais fait partie des (trop) rares médecins à prendre en charge cette population jeune – sa moyenne d’âge est estimée à 44 ans -et féminine pour les deux tiers.
Beaucoup renoncent à conduire, du fait de leurs troubles cognitifs ». Le D Refrais
a équipé son service d’un simulateur de conduite capable d’évaluer les capacités
de concentration, les temps de réaction et la résistance à la somnolence. (Photo N. C.)
SANTÉ
Des patients en errance Un chiffre marquant : 40 % de ces patients. Les plus sévèrement atteints, sont en arrêt maladie depuis de longs mois, voire des
années.- Les symptômes sont très diverses soufflement, palpitations, difficultés de concentration, oublis de mots, trous de mémoire, douleurs et brûlures inexpliquées, perte de l’odorat, éruptions, troubles du sommeil…
Les patients sont ainsi nombreux à errer d’un cabinet médical à l’autre, désespérant de mettre au moins un nom sur ces troubles qui sont venus gâcher leur vie.
Pour établir le diagnostic, il est important de pouvoir hospitaliser les patients 2 à 3 jours, sachant qu’ils sont très vite épuisés, et de leur faire passer un bilan complet, comprenant une évaluation physique, cognitive et neurologique »,
insiste le D Refrais. Et c’est ce qu’il propose au sein du secteur Covid de l’hôpital
Tzanck. Ce bilan inclut plusieurs examens parmi lesquels une polysomnographie nocturne, un test de marche de 6 minutes, un test d’hyperventilation, et surtout un neuro TEP scanner capable de mettre en évidence des signes d’hypométabolisme caractéristiques du Covid long et confirmer définitivement le diagnostic.
La suite ?
Une prise en charge et un suivi par une équipe médicale pluridisciplinaire disposant des moyens d’exploration et de réhabilitation L’enjeu étant d’essayer
d’aider les patients à retrouver une vie la plus normale possible.
Mais ce que l’on retrouve systématiquement, chez tous les patients, c’est une fatigue intense, que le sommeil ne parvient pas à soulager, et des troubles cognitifs….Des symptômes difficilement compatibles avec une vie professionnelle, et qui handicapent aussi la vie quotidienne, familiale, sociale… – Faute de diagnostic et de prise en charge adaptée (lire encadré), certains se
laissent séduire par les propositions les plus farfelues découvertes au gré de leur vagabondage sur Internet. Une patiente s’est présentée récemment à ma consultation, porteuse d’une mallette qui contenait divers produits, huiles essentielles et autres, qui lui avaient coûté la bagatelle de 800 euros, sans produire aucun effet sur ses symptômes », illustre le spécialiste.
Si la prise en charge de ces patients est si complexe, et le diagnostic toujours ardu, c’est en partie lié au caractère systémique du Covid long. – Cette pathologie post-infectieuse atteint de nombreux organes: le système nerveux, digestif, cardiaque, pulmonaire, osteoarticulaire, cutané… Chaque médecin consulté envisage les symptômes par le prisme de sa spécialité et ne découvrant pas de pathologie
spécifique, il ne pose pas diagnostic. –
NANCY CATTAN
1. Ce syndrome touche des vaccinés comme des non-vaccinés, même si l’absence de vaccination augmente le risque.
2. sos-covid-long.fr
Dans un document publié le 7 novembre dernier, le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires réaffirme la réalité du Covid long, fait le point sur les difficultés de diagnostic et de prise en charge de cette affection et émet des recommandations pour une approche multidisciplinaire des traitements et du soutien à apporter aux personnes qui en souffrent. Il alerte les autorités sur la forte hétérogénéité des ressources disponibles pour les patients selon la région où ils se trouvent.