Plus d’un conducteur sur quatre avoue être surpris par le sommeil au volant au moins une fois par an.
D’après cette enquête, que révèle Le Figaro, menée auprès de 40 000 conducteurs en novembre dernier, 28 % d’entre eux affirment avoir souffert de somnolence au moins une fois dans l’année. Par ailleurs, 4 % d’entre eux indiquent avoir eu «un presque accident». «Cela veut dire que sur les 35 millions de conducteurs empruntant le seul réseau autoroutier, 1,5 million a frôlé l’accident. Un chiffre très inquiétant», souligne Jacques Boussuge, responsable du département sécurité de l’Asfa.
L’Asfa a un intérêt tout particulier à mieux appréhender ce problème de santé publique. «Depuis trois ans, la somnolence est devenue sur le réseau autoroutier la première cause d’accidents avant la vitesse qui a été efficacement combattue par la politique de répression du gouvernement», souligne son président, Henri Stouff. Ainsi, sur les 19 508 accidents recensés en 2007, 34 % d’entre eux ont pour origine la somnolence, 20 % sont liés à la prise de drogue ou de médicaments et 17 % à la vitesse. Une situation qui ne vaut pas pour le reste du réseau routier, où alcool et vitesse restent les causes principales des accidents devant la somnolence responsable pour 20 % d’entre eux.
L’étude fait d’autre part apparaître des périodes à risque. Selon notre cycle biologique, elles se situent entre 2 heures et 7 heures et entre 14 heures et 16 heures. Au cours de ces plages horaires, le conducteur est donc plus exposé au danger de la somnolence. «Une menace qui n’a rien à voir avec la fatigue», insiste le Pr Pierre Philip, spécialiste du sommeil au CHU de Bordeaux et qui a participé à ce travail d’enquête. «La fatigue, c’est la difficulté croissante à accomplir une tâche, tandis que la somnolence, c’est l’incapacité à se tenir éveillé», rappelle-t-il.
D’après ce spécialiste, le conducteur qui voudrait lutter contre le sommeil perdrait d’avance. «On n’échappe pas au sommeil», dit-il. Le seul moyen d’y faire face est de dormir. Selon une étude expérimentale menée en 2006, vingt minutes de sieste ou boire un café fort suffisent. Bien que simples, ces remèdes ne sont pas entrés dans les habitudes. «Des campagnes ont été menées sur la fatigue avec le slogan : une pause toutes les deux heures. L’équivalent n’a pas été fait pour la somnolence», estime Jacques Boussuge.
Politique de sensibilisation
Or, selon Bernard Pottier, président de la Prévention routière, une politique de sensibilisation pour changer les comportements est essentielle dans ce domaine : «On voit bien que la politique de répression qui a porté ses fruits pour combattre la vitesse ou l’alcool au volant est inopérante pour faire reculer la somnolence», dit-il.