Doi : 10.1016/j.ando.2021.12.004
Aurore Geslot a , Philippe Chanson b, Philippe Caron a

a Service d’endocrinologie, maladies métaboliques et nutrition, pôle cardio-vasculaire et métabolique, CHU Larrey, 24, chemin de Pouvourville, TSA 30030, 31059 Toulouse cedex, France
b Université Paris-Saclay, Inserm, physiologie et physiopathologie endocriniennes, Assistance publique–Hôpitaux de Paris, hôpital Bicêtre, service d’endocrinologie et des maladies de la reproduction, centre de référence des maladies rares de l’hypophyse HYPO, Le Kremlin-Bicêtre, France

Résumé

Les atteintes thyroïdiennes et hypophysaires liées au coronavirus SARS-CoV-2, responsable de l’épidémie de COVID-19, tiennent principalement à une infection directe de la glande endocrine par le virus et à des lésions cellulaires induites par la réponse immunitaire. Sur le plan thyroïdien, les deux complications les plus fréquentes du COVID-19 sont le syndrome de basse T3 ou « Non-Thyroidal Illness Syndrome (NTIS) » et des thyroïdites. Selon les études, un patient sur six à un patient sur deux hospitalisé pour un épisode de COVID-19 a une TSH basse, le NTIS et la thyroïdite étant parfois associés chez un même patient. Dans le NTIS, la diminution de la concentration de T3L est corrélée à la sévérité de l’infection et au mauvais pronostic. Une évaluation de la fonction thyroïdienne des patients à distance de l’épisode de COVID-19 montre une normalisation. Les thyroïdites associées au COVID-19 se divisent en deux groupes, dont la physiopathologie est probablement différente. D’une part, des thyroïdites destructrices, survenant précocement au cours de l’infection par le SARS-CoV-2, en général chez des hommes avec une forme sévère de COVID-19 ; elles sont souvent asymptomatiques, associées à une lymphopénie. D’autre part, des thyroïdites subaiguës, survenant en moyenne un mois après l’épisode de COVID-19, en général chez des femmes, symptomatiques sur le plan clinique, associées à une hyperleucocytose modérée. À distance de l’infection, un quart à un tiers des patients sont en hypothyroïdie selon les études. Une étude italienne a montré qu’une TSH basse était associée à des hospitalisations plus longues et à un plus grand risque de mortalité chez les patients hospitalisés pour un épisode de COVID-19. Sur le plan hypophysaire, les atteintes au cours d’une infection par le SARS-CoV-2 sont bien plus rares et le lien de cause à effet plus difficile à établir. Quelques cas d’apoplexie hypophysaire et de diabète insipide survenant au cours d’un épisode de COVID-19 ont été rapportés. Une hyponatrémie est présente chez 20 à 50 % des patients hospitalisés pour un épisode de COVID-19. La prévalence du SIADH (syndrome de sécrétion inappropriée d’hormone anti-diurétique) parmi ces hyponatrémies est difficile à déterminer. Ces complications endocriniennes peuvent influencer le pronostic de l’infection par le SARS-CoV-2. Bien qu’elles nécessitent rarement un traitement spécifique, il est important que les endocrinologues les reconnaissent, pour assurer une prise en charge adaptée, en particulier à la phase aiguë.

Keywords : SARS-CoV-2, COVID-19, Thyroid, Pituitary, Low T3 syndrome, Thyroiditis, Graves’ disease, Pituitary apoplexy, Hypophysitis

Mots clés : SARS-CoV-2, COVID-19, Thyroïde, Hypophyse, Syndrome de basse T3, Thyroïdite, Maladie de Basedow, Apoplexie hypophysaire, Hypophysite

Covid-19, thyroïde et hypophyse… la réalité des faits !

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