Symptômes post-Covid chez l’enfant, parfois prolongés mais jamais bien graves
Des symptômes persistants significatifs d’un « Covid long » ont été décrits chez les patients adultes atteints d’une forme sévère de la maladie, mais aussi, bien que moins bien caractérisés, après des formes modérées. Pour les enfants, on en sait moins sur les séquelles possibles de l’infection à long terme. En dehors du rare syndrome inflammatoire multi-systémique (MIS-C ou PIMS) et du fait du bon pronostic de l’infection, l’impact à moyen et long terme de la Covid-19 sur la santé de l’enfant est mal connu.
Pour l’évaluer, une équipe norvégienne a exploité les données concernant plus de 700 000 enfants âgés de 1 à 9 ans, dans la période entre le 1er août 2020 et le 1er février 2021 : plus de 10 000 d’entre eux ont été testés positifs au SARS-CoV-2, et 276 000 testés négatifs. Aucun n’a été hospitalisé. L’objectif de l’étude était d’évaluer l’utilisation des services de santé (médecins généralistes, urgences, spécialistes) dans les 6 mois suivant un test. Les enfants ont été divisés en plusieurs groupes d’âge : les 1-5 ans, 6-15 ans et 16-19 ans. Les auteurs partent de l’hypothèse que, l’infection étant moins sévère chez l’enfant, l’augmentation de l’utilisation des services de santé devrait être moins marquée et moins prolongée que pour les adultes.
Davantage de consultations chez le médecin généraliste dans les mois suivants
Les données montrent un accroissement substantiel, de 300 % à 400 %, des consultations chez les médecins généralistes dans le mois suivant pour les enfants avec un test positif à la Covid-19, en comparaison de ceux avec un test négatif, dans tous les groupes d’âge. Trois mois plus tard, les consultations restent plus fréquentes pour les plus jeunes, mais pas pour les 16-19 ans. Les 1-5 ans consultent encore 9 à 12 semaines après un test positif.
Cette augmentation du nombre des consultations après une Covid-19 ne concerne que les médecins généralistes, mais non pas les spécialistes.
Le motif principal de consultation est la présence de symptômes respiratoires, ce qui contraste avec le vaste éventail de manifestations rencontrées au cours des covid longs chez l’adulte (digestives, cardiovasculaires, musculo-squelettiques, etc.).
Ceci suggère que chez l’enfant, l’infection n’est pas à l’origine de problèmes de santé durables nécessitant le recours aux spécialistes. Pour les auteurs, cela doit être pris en considération dans la décision de vaccination des enfants et dans le maintien des mesures de contrôle du virus une fois que tous les adultes sont vaccinés.
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCES
Magnusson K et coll.: Healthcare use in 700000 children and adolescents for six months after covid-19: before and after register based cohort study. BMJ2022;376:e066809. doi.org/10.1136/BMJ-2021-066809