Dr Alain Refrais
sos-covid-long.fr

Ce cri du cœur ne fait que traduire le désarroi et parfois le désespoir des patients atteints du covid long. Nous médecins, le percevons chaque jour devant une maladie récente, mal connue, mal comprise mais terriblement déroutante, sournoise et invalidante.

Nos patients luttent contre des symptômes diminuant fortement leurs capacités intellectuelles et physiques, limitant leur activité à quelques heures, voire quelques dizaines de minutes par jour. Toute tentative d’outrepasser ces limites se soldant par des douleurs violentes, malaises, et par une fatigue irrépressible imposant un repos couché de plusieurs heures. Nos patients sont devenus incapables d’assumer leurs charges familiales et professionnelles.

La reconnaissance « officielle” de la maladie par les autorités de tutelle le 15 mars 2022 est loin d’avoir été totalement intégrée par les services médicaux des Caisses, de médecine du travail ou d’invalidité.

Il en est malheureusement de même pour la médecine de ville qui, par sa
nature, devrait être plus proche des patients et ne pas classer trop facilement en psycho-somatique une maladie qu’elle ne comprend pas.

Nous sommes donc devant une double incompréhension médicale et administrative.
Que pouvons-nous faire en tant que médecin ?

  • D’abord les écouter. Nos patients font face aux doutes et même parfois aux sarcasmes de leur entourage, de leur employeur, de l’administration et même du corps médical.
  • Faire preuve d’humilité en reconnaissant qu’il n’existe pas actuellement
    de médicament efficace contre le covid long. Seuls, ceux qui s’attaquent aux symptômes montrent plus ou moins d’efficacité.
  • Ensuite, explorer ces symptômes, faire les examens nécessaires pour les objectiver, et traiter lorsque l’on découvre : embolies pulmonaires, atteintes cardiaques, Sama.
  • Quantifier ces symptômes afin d’en suivre l’évolution.
  • Il faut porter une attention particulière à ceux qui présentent une dangerosité extrême comme l’allongement des temps de réaction, les pertes de concentration et la somnolence au volant. Ces troubles pas toujours spontanément cités par les patients, sont déjà responsables de nombreux accidents.
  • Puis les inciter à organiser leur vie en fonction de leur « énergie disponible” en y associant, si possible, une réhabilitation physique et intellectuelle adaptée les encourageant à progresser et à ne pas baisser les bras au risque de sombrer dans la dépression.
  • En complément indispensable, leur fournir les éléments objectifs de diagnostic et de contestation opposables aux administrations qui leur refusent le statut de malades puis celui de handicapés quand ils arrivent en fin de droits.

Enfin, et c’est l’espoir que nous avons tous, que les milliers d’équipes de chercheurs et de patients qui se battent contre le Covid Long parviennent à en analyser intégralement les mécanismes intimes et à proposer des traitements efficaces pour en bloquer les conséquences dramatiques et à en empêcher l’apparition.

Docteur Alain REFRAIS

Une double incompréhension médicale et administrative

Vous pourrez aussi aimer