Si les mécanismes biologiques à l’origine des effets à court terme de la Covid-19 sont maintenant connus, il en va tout autrement pour le Covid long. Des scientifiques viennent de montrer que les personnes souffrant de ce syndrome peuvent présenter des réponses immunitaires diverses, fortes ou très faibles selon les cas. Une première étape pour une meilleure prise en charge des patients qui ne présentent pas de trace immunologique apparente d’une infection par le SARS-CoV-2.

Mi-août 2023, selon l’OMS, plus de 769 millions de personnes dans le monde avaient été infectées par le SARS-CoV-2, entraînant plus de 7 millions de décès. À court terme, les manifestations de la Covid-19 sont très variables : la maladie peut aussi bien être asymptomatique qu’entraîner de graves atteintes respiratoires. À long terme, des effets particulièrement invalidants comme une fatigue profonde, des troubles neurologiques, des difficultés respiratoires ou des maux de tête peuvent également persister. Ces symptômes chroniques définissent ce que l’on appelle le Covid long.

Si les mécanismes biologiques à l’origine de la phase aigüe de la maladie sont bien documentés, ceux à l’origine du Covid long restent mal compris. Un dysfonctionnement du système immunitaire est notamment suspecté et pourrait être à l‘origine de la persistance des symptômes. Deux grandes hypothèses sont communément avancées : une réponse immunitaire insuffisante qui empêche l’organisme d’éliminer complètement le virus ou, au contraire, une réponse immunitaire excessive qui entraîne des dommages inflammatoires.

Pour tenter d’y voir plus clair, des scientifiques de l’Institut Pasteur, du CNRS et de l’Inserm, en collaboration avec des cliniciens de l’AP-HP, ont analysé chez des patients atteints de Covid long la production d’anticorps et la présence de cellules T antivirales. Résultat ? Près d’un tiers des malades présentent une réponse immunitaire très faible, tandis que les autres montrent une réponse au moins aussi forte que les personnes totalement rétablies de la Covid-19. En d’autres termes, aucune des deux hypothèses ne s’avère exclusive. « Nos résultats suggèrent qu’il existe plusieurs types de Covid long, caractérisés soit par une réponse antivirale insuffisante, soit par une réponse antivirale excessive » explique Lisa Chakrabarti, chercheuse au sein de l’unité « Virus et immunité ».

Hypothèse des deux types majeurs de Covid long

Mieux comprendre les mécanismes du Covid long … et faciliter l’accès aux soins ?

Si ce travail tend à démontrer l’existence de plusieurs types de Covid long, il ouvre par ailleurs la voie à une meilleure prise en charge des personnes présentant ce syndrome. Dans le cadre de cette étude, les scientifiques ont en effet dû mettre en œuvre des tests immunologiques particulièrement sensibles pour détecter une réponse immunitaire chez les patients avec Covid long « faibles répondeurs », pour lesquels le test standard de recherche d’anticorps était négatif. Des traces de réponses ont ainsi été retrouvées chez plus de la moitié des patients qui avaient été classés comme séronégatifs. « S’ils sont validés, ces tests de laboratoire plus sensibles pourraient être utilisés pour aider les patients séronégatifs à documenter leur infection, et permettraient donc de faciliter leur accès aux soins médicaux» affirme Lisa Chakrabarti. Une piste sérieuse pour identifier avec plus de certitude les personnes souffrant du Covid long. Rien qu’en France, un million de personnes seraient concernées par ces symptômes persistants.


Cette étude entre dans le cadre de l’axe scientifique prioritaire maladies infectieuses émergentes du plan stratégique 2019-2023 de l’Institut Pasteur.

DES RÉPONSES IMMUNITAIRES DISTINCTES DÉFINISSENT DEUX TYPES MAJEURS DE COVID LONG

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